Le modèle français est unique en son genre. Nos fournisseurs d'accès possèdent des offres qui intègrent des box triple-play : Internet, TV, téléphone ainsi que de nombreux services “maison” fermés : cloud-gaming, VOD… pour une trentaine d'euros par mois. Malheureusement, cette exception française va à l'encontre des stratégies globales de géants comme Google, Apple ou Microsoft. Les fournisseurs d'accès français peuvent-ils résister à Google and co ?
Vous êtes sûrement au courant des tensions entre l'opérateur Free et Google. On évoque souvent le “peering”, c'est-à-dire l'échange de données entre un fournisseur d'accès et un fournisseur de services. Free accuse Google d'avoir des échanges de trafic trop asymétriques et au désavantage de l'opérateur. A travers ces tensions, Free souhaite que Google investisse de l'argent pour l'ouverture de nouvelles capacités d'interconnexion.
Néanmoins, la plupart des spécialistes en sont convaincus : ce problème de peering ne pose pas vraiment problème avec le “YouTube actuel”. En réalité, à travers cette pression Free semble préparer l'arrivée de services comme Google TV. En effet, la Google TV consommerait 1 à 4 Mbps, ce qui serait estimé autour de 1 à 3 euros de coût par mois en bande passante pour l'opérateur. Un coût loin d'être négligeable pour les FAI : le détournement de revenus supplémentaires, celui des services associés comme la VOD ou encore la Catch-UP, le cloud-gaming et la vente d'applications qui avec Google TV vont dans la poche de Google et non plus de Free. Au final, ça coûterait plus cher à Free et il toucherait moins de revenus ensuite.
Octave Klaba (OVH) a annoncé : “Je pense que dans la guerre de la télévision, Apple, Netflix et Google gagneront“. D'après lui, les efforts des fournisseurs d'accès français sont vains à moyen terme. OVH qui a lancé son offre ADSL l'année dernière a préféré le sigle “débits garantis” que “offre triple-play”. Le spécialiste de l'hébergement préfère investir dans de la bande passante que dans la conception de “box”.
Google TV
Néanmoins, l'affaire n'est pas si simple. En réalité, les FAI et opérateurs français ont tout intérêt à mettre en avant leur solution. Par exemple, Orange a lancé Orange Cloud en fin d'année 2012, ce service de stockage de fichier en ligne est accessible gratuitement depuis tous les forfaits Origami. De son côté, Free use des méthodes comme le bridage ou le chantage pour mettre “la pression” à Google. Enfin, on assiste à de gros investissements dans des BOX et dans des services de quasiment tous fournisseurs d'accés français.
Orange Cloud
D'après moi, au lieu de se battre vainement, les FAI français devraient plutôt commencer à s'adapter. Je suis persuadé que Google, Apple, Microsoft, Sony… arriveront à imposer leur solution de plateforme globale. Les fournisseurs d'accès et les opérateurs devront porter leur service sur les différents “markets d'applications” des géants. Comme sur le mobile (iOS et Android), les FAI et les opérateurs devront y laisser des plumes : en plus de mettre en avant les services des géants, ces mêmes géants pourront prélever une commission sur chaque euro dépensé sur les applications FAI.
Comme le pense Octave Klaba, je pense également que les FAI et opérateurs vont devenir de simples vendeurs de tuyaux. C'est bel et bien leur métier de base. Dans 5 à 10 ans, les Google TV et autres Apple TV auront remplacé nos Freebox TV ou Livebox Play.
Pour pouvoir résister aux offensives de géants globaux, Orange and co vont devoir investir de lourdes sommes : ils ont l'opportunité d'être installé au coeur des foyers et au creux des mains des abonnés, il faut donc investir lourdement dans des technologies et des services. Par exemple, le service LibOn d'Orange qui permet de regrouper une messagerie intelligente, une messagerie instantanée, un répertoire unifié et un service de VoIP. Lire : LibOn, l’arme secrète d’Orange ?. Néanmoins est-ce suffisant ? Pas vraiment. D'autres technologies doivent être portées par nos opérateurs et FAI : le cloud, la NFC, le cloud-gaming…
En tout cas, nous n'avons pas terminé d'en entendre parler…
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